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Anton Kartachov

Anton Vladimirovitch Kartachov est né le 11 juillet 1875 dans le village de Kychtym dans le gouvernement de Perm. Il fait ses études au Séminaire de Perm puis à l’Académie de Théologie de Saint-Pétersbourg. Après la fin de ses études, en 1899, il enseigne l’Histoire de l’Église à l’Académie de Théologie et participe activement aux réunions consacrées à la philosophie religieuse, sous la présidence du recteur de l’Académie, l’évêque Serge (Stragorodsky), réunions qui avaient pour but de créer un lien entre des représentants du clergé et l’ « intelligentsia ». On y discutait de la nécessité de la liberté religieuse, de l’indépendance de l’Église du contrôle de l’État et d’autres réformes nécessaires dans la vie de l’Église. En 1905, Anton Kartachov quitte l’Académie, la considérant comme trop conservatrice. Il exerce ensuite diverses fonctions d’enseignement, tout en participant activement au mouvement de renaissance spirituelle et intellectuelle de l’Église russe du début du XX siècle. En 1909 Kartachov devient président permanent de la Société de Religion et de Philosophie de Saint-Pétersbourg. En juillet 1917 Kartachov est nommé Procureur général ( Oberprocuror ) du Saint Synode par le Gouvernement Provisoire, un titre qui sera rapidement changé en « Ministre des Cultes ». En vertu de ce haut poste, Anton Kartachov jouera un rôle essentiel dans l’organisation du Concile de 1917-18. En octobre 1917, il est arrêté par les bolchéviks avec les autres ministres du Gouvernement Provisoire et est emprisonné durant trois mois. En janvier 1918, il est libéré et part à Moscou où il prend part aux sessions du Concile, étant élu membre du Haut Conseil Ecclésial. Après la dissolution du Concile par le régime bolchévique, Kartachov quitte la Russie pour la Finlande, où il participe aux tentatives de préparation du nouveau gouvernement de la Russie en attendant la chute des bolchéviks. Il développe ses idées sur la notion biblique (dans l’Ancien Testament) de « théocratie » et le principe de « symphonie » entre l’Église et l’État. Il les justifiait théologiquement (comme cela a été fait à l’époque byzantine par l’empereur Justinien) en se référant au dogme du Concile de Chalcédoine sur l’union des deux natures en Christ (« sans séparation ou division » et « sans mélange ou confusion ») dans une seule Personne Divine. Plus tard, cette théorie sera contestée par un de ses talentueux disciples, le père Alexandre Schmemann, quand ce dernier avait déjà émigré aux États-Unis. Le père Alexandre précisera que cette conception byzantine de « symphonie » s’était dans la pratique transformé en une fusion entre l’Église et l’État et qu’elle provoquera, après la chute de l’Empire byzantin, le sentiment de « nationalisme religieux » (sur cette discussion entre Kartachov et Schmemann voir : A.V. Kartachov, Vozsozdanie Sviatoï Rusi, Paris, 1956, p. 186-209). Comme les événements tragiques qui se passent actuellement en Ukraine prouvent la justesse des réflexions du père Alexandre !...

En 1920, après la défaite du Mouvement Blanc en Russie, Anton Kartachov décide d’émigrer en France, où il continue ses activités politiques et son enseignement académique. De 1922 à 1939 il enseigne à l’Université de Paris, au département russe de la faculté historico-philosophique. Il joue aussi un rôle prépondérant au sein de l’Action Chrétienne des Etudiants Russes (ACER).

Après la fondation de l’Institut Saint-Serge en 1925, Anton Kartachov devient un de ses éminents professeurs et il y enseignera l’Histoire de l’Église. De plus, il sera en charge de l’enseignement de l’Ancien Testament et de l’Hébreu jusqu’à la fin de sa vie.

Dans ses cours d’Ancien Testament, Anton Kartachov ne se limitait pas seulement au sens littéral du texte, mais il cherchait aussi son sens typologique comme les Pères de l’Église l’avaient fait. De plus, il était ouvert à la critique scientifique du texte, déjà appliquée dans le monde académique. Cependant, une telle approche était encore considérée comme une nouveauté dans les milieux orthodoxes. Aussi, son petit livre La critique biblique de l’Ancien Testament (publié en russe, Paris, Ymca Press, 1947) suscita-t-il de véhémentes protestations de la part de nombre de fidèles et de membres du clergé. Kartachov partageait cette ouverture à l’étude scientifique de la Bible, sans abandonner l’exégèse spirituelle des Saints Écritures des Pères de l’Église, avec le professeur de Nouveau Testament Mgr. Cassien (Bezobrazov).