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Centenaire de l'archevêché des églises Orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale

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Archevêque Georges (Tarassov)

Monseigneur Georges (Tarassoff)

© archives de l'archevêché

L’Archevêque Georges (Tarassov) s’est trouvé pendant plus de vingt ans, entre 1960 et 1981, à la tête de l’Archevêché des églises orthodoxes russes en Europe occidentale. Pendant plus de cinquante ans de sacerdoce, il a été lié à l’évolution de cet archevêché. Tout, dans la vie de ce prélat, était insolite. Georges Tarassov est né à Voronège (Russie), le 14 avril 1893. Il fit ses études au lycée technique de cette ville, puis à l’Ecole technique supérieure de Moscou, dont il sortit ingénieur-chimiste. Plus tard, il suivit des cours d’aéronautique et s’engagea comme volontaire dans l’armée impériale, où il servit dans l’aviation. En 1916, le ministère de la Guerre l’envoie en France pour s’initier au fonctionnement de l’aviation militaire française. Après la révolution de 1917, il reste sur le front de l’Ouest et s’engage comme pilote dans l’armée belge avec le grade de major. Démobilisé en 1919, il s’installe en Belgique, où il travaille de 1921 à 1934, en qualité d’ingénieur-chimiste, dans diverses entreprises. En 1922, il épouse Eugénie Freshkop, qui allait laisser le souvenir d’une chrétienne très fervente.

Le 25 mars 1928, Georges Tarassov est ordonné diacre par le métropolite Euloge. Il désirait servir l’Église dans cet état tout le restant de sa vie. Néanmoins, le 3 février 1930, des circonstances imprévues conduisent le diacre Georges à recevoir le sacerdoce, par obéissance à son évêque. Il est nommé recteur des paroisses d’étudiants à Gand et à Louvain, paroisses qui s’étaient trouvées sans prêtre du jour au lendemain. En 1932, le père Georges subit une dure épreuve, la mort de son épouse. Un an après, il reçoit la tonsure monastique. En 1940, il est nommé recteur de la paroisse Saint-Pantéléïmon à Bruxelles (rue de la Tourelle), ce qui ne l’empêche pas de continuer à desservir d’autres paroisses en Belgique. Parmi ses paroissiens, il développa un zèle exceptionnel et devint une image vivante de l’amour pastoral. Durant l’occupation allemande, il fut arrêté au moins à deux reprises. Une fois, son interrogatoire dura dix heures consécutives. À la même époque, l’archevêque Alexandre (Némélovskiï), auxiliaire du Métropolite Euloge en Belgique, fut déporté à Berlin, le père Georges assura également le travail pastorale à l’église Saint-Nicolas (rue des Chevaliers).

Quand l’archevêque Alexandre rentra après la fin de la guerre il choisit de se placer dans la juridiction de Moscou, tandis que le père Georges Tarassov resta fidèle à l’Exarchat du Patriarcat de Constantinople et à son nouvel évêque dirigeant, le Métropolite Vladimir (Tikhonicky). Ce dernier l’éleva au rang d’archimandrite en 1948. Élu évêque auxiliaire pour le Benelux et l’Allemagne fédérale, avec résidence dans son ancienne paroisse de Bruxelles, le père Georges est ordonné évêque, le 4 octobre 1953, à Paris, par le métropolite Vladimir, avec la bénédiction du Patriarche œcuménique Athénagoras et du saint-synode de Constantinople, qui lui donnent le titre d’évêque de Syracuse.

Après le décès du Métropolite Vladimir, l’Assemblée générale de l’Exarchat, réuni le 12 juin 1960 pour désigner le successeur du métropolite défunt, élit Monseigneur Georges. Cette élection est confirmée par le Patriarcat œcuménique, le 10 octobre 1960. Devenu Archevêque et recteur de la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky à Paris, Monseigneur Georges continua l’activité pastorale qu’il aimait et ne cessa de visiter les villes et les pays de ses fidèles. Mais en 1965, il fut frappé par une nouvelle épreuve : l’organisme ecclésial dont il avait la charge constituait depuis 1931 un « exarchat provisoire » du trône œcuménique; or, une lettre du patriarche Athénagoras, le 22 novembre, mit fin à ce statut administratif extérieur du diocèse. À Monseigneur Georges incombera alors la lourde tâche de sauvegarder l’existence du diocèse qui lui était confié et de préserver ses paroisses des déchirements et d’éventuelles ingérences non ecclésiales. Dans ces circonstances, il eut le courage de proclamer l’indépendance de l’Archevêché, le 29 décembre, ce qui fut confirmé par l’Assemblée générale clérico-laïque en février 1966.

L’Archevêque Georges eut ensuite à faire face à une autre nécessité: consolider et régulariser les liens canoniques qui existaient toujours entre l’Archevêché et le Patriarcat œcuménique de Constantinople. Pour mener à bien cette tâche, il trouva en la personne de son secrétaire diocésain, Cyrille Kniazeff, un collaborateur plein de zèle. Il fut donné à l’Archevêque Georges de voir la réalisation de son vœu : dans une lettre patriarcale et synodale du 22 janvier 1971, le patriarche Athénagoras confirma de nouveau l’appartenance de l’Archevêché au Patriarcat œcuménique. Cet acte entérina aussi l’existence de ce diocèse dans son intégrité ainsi que dans son autonomie interne.

L’Archevêque Georges était profondément imprégné de la tradition et de la piété orthodoxes russes, mais, en même temps, son cœur était largement ouvert à tout homme qui partageait avec lui l’amour de la vérité chrétienne. L’apparition, durant les dernières années de sa vie, de nouvelles communautés orthodoxes de langue française et néerlandaise dans les régions où il avait commencé son ministère pastoral, à Bruxelles, à Gand et aux Pays-bas, fut pour lui une grande joie.

Monseigneur Georges est mort le 22 mars 1981 après une longue maladie. Son dernier message à son clergé et, par son intermédiaire, aux fidèles, a été : « Dites-leur que je les aime tous » – paroles caractéristiques de ce pasteur à la fois humble et courageux. Son corps repose dans la crypte de l’église de la Dormition, au cimetière de Sainte-Geneviève-des-Bois, dans le même tombeau que le métropolite Euloge, le fondateur du diocèse, qui l’avait ordonné au diaconat et à la prêtrise.