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Centenaire de l'archevêché des églises Orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale

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Église Saint-Alexandre-Nevsky et Saint-Séraphin--de-Sarov, Liège

Histoire de l'église russe de Liège

Avec ses clochetons à bulbes bleus, elle est désormais inscrite dans le paysage de ce quartier de Liège, voisin de la gare de Guillemins, au pied de la colline de Cointe, de la rue du Laveu. C’est, sans conteste, un élément – particulier sans doute – qui fait partie intégrante du patrimoine immobilier de la ville et est un témoin de la vie d’une communauté qui a vu passer plusieurs générations de migrants avant de s’ouvrir sur le monde alentour. Des Russes, il y en a eu à Liège dès la fin du XIXe siècle, en majorité des étudiants qui faisaient leurs études à l'université de la ville. On en trouve trace d’ailleurs dans la biographie de Georges Simenon lorsqu’il évoque les locataires de sa mère dans les maisons d’Outremeuse. Au départ, il ne s'y trouvait pas d'église orthodoxe, mais le prêtre de l'église Saint-Nicolas-le-Thaumaturge, de l’ambassade russe à Bruxelles, y venait une fois par mois.

La première église russe à Liège fut établie par le père Vladimir Fedoroff, au sein d'un orphelinat fondé par la bienfaitrice Kouzmina-Karavaïeva, qui avait trouvé refuge dans les locaux du Vertbois (aujourd’hui bâtiments de la Région Wallonne) dans les années 1920 après son expulsion d’Istanbul et grâce à l’intervention du Cardinal Mercier, dont on connaissait l’ouverture vers les autres religions chrétiennes. En 1926, l'orphelinat quitte la ville pour Bruxelles et l'on nomme à Liège le père Dimitri Troïtsky pour s’occuper de la paroisse.

Son premier souci est de rechercher un nouveau local pour l'église, qui est d'abord installée dans un appartement, puis dans une ancienne chapelle catholique … dont les Allemands avaient fait une étable pendant la Première Guerre mondiale. Considérant que la chapelle avait été profanée, les catholiques avaient décidé de la céder à la ville qui l’avait mise à disposition d’une société musicale qui y tenait ses cours et ses répétitions. Laquelle permit d’y célébrer la liturgie deux fois par mois. Mais la chapelle était beaucoup trop grande et sans agrément. Il fallait à chaque fois replacer les icônes - car il n 'y avait naturellement pas d'iconostase - et cacher les vases sacrés après le service dans un petit cagibi sous l'escalier. Il était donc indispensable de trouver d'urgence un nouveau local, ce que parvint à faire le père Valent Romensky, sorti de l'Institut de Théologie Saint-Serge et nommé recteur de la paroisse en 1931. Avec l'aide des paroissiens - la ville comptait déjà plus de cent familles russes - il réussit à obtenir de la municipalité un nouveau local. C'était un bâtiment dépendant d'un des musées de la ville, dans lequel on aménagea en l'espace d'un an et demi une « charmante petite église », selon le mot de Mgr. Euloge, consacrée à saint Alexandre Nevsky et saint Séraphin de Sarov. On y établit une iconostase dont les icônes ont été « écrites » par les membres de l'association « Icône ».

Le 16 décembre 1944, une bombe volante allemande tomba sur l'église, elle fut entièrement détruite à l'exception de l'iconostase. Cet événement laisse le souvenir d’un véritable miracle au sein de la communauté : en effet, peu de temps avant la célébration prévue ce jour-là, le prêtre fut pris d’un malaise et annula donc l’office qui aurait dû avoir lieu au moment précis où le V1 est tombé. Il fallait donc trouver un nouveau lieu de culte mais, cette fois, le père Valent voulut construire du neuf ! Sur le terrain, acheté rue du Laveu, une ancienne remise accueillit dans un premier temps les offices, tandis que se préparait la construction de l'église.

On commença à recueillir les fonds pour sa construction en 1948. Parmi les donateurs se sont trouvés beaucoup de Belges, catholiques ou protestants, et une somme importante fut même donnée par la reine de Belgique, Elisabeth.

Le chœur que dirigeait l’ingénieur Nicolas Zigankoff donna des concerts (dont un fameux en 1950 au Conservatoire de Liège avec le Quatuor vocal de Saint-Pétersbourg). « Achetez les coupoles de notre église » demanda un jour à ses paroissiens le père Romensky, car il manquait d'argent pour les édifier, alors que le cuivre était déjà offert par les Belges. « L'infatigable » père Romensky pensait préférable de dépenser l'argent pour les coupoles plutôt que pour les monuments du cimetière, car « les monuments funéraires se détruisent vite ».

Il avait aussi son idée sur la construction, idée qui inspira un premier projet de l’architecte Evertz, mais l’église fut finalement bâtie sur les plans de l'architecte Istselennov. Né à Irkoutsk en Sibérie, celui-ci fut élève à l'Ecole des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg. Il s’était fait remarquer en Russie, en 1914, lorsque, pour célébrer les 300 ans de règne de la famille Romanov, fut construite une église flottante dont il avait conçu le projet : tirée par un remorqueur, elle devait naviguer sur les rivières du nord de la Russie en accostant près des villages pour la célébration de services. Exilé en France à partir de 1925, il fut, entre autres, l'un des constructeurs de la Tour Maine-Montparnasse. Istselennov faisait aussi partie de l'association « Icône » qui n'accueillait pas seulement les peintres mais aussi les architectes.

L'église est construite dans le style des églises de Novgorod, c'est-à-dire cubique avec cinq coupoles en forme de bulbe peintes en bleu. Une sixième coupole est située au-dessus de l'entrée principale qui s'élève en formant un clocher. Celle-ci se trouvant du côté de la cour, on ne la voit pas de la rue. Les fondations de l'église furent l'œuvre des mineurs russes, et toute la colonie prit part, pendant plusieurs mois, à sa construction. Pour la plupart des Russes déportés d'Allemagne et vivant dans des baraques près des mines, l'église était la seule consolation spirituelle. C’était aussi un lieu de rendez-vous, une sorte de centre culturel avec son enseignement, sa bibliothèque.

Comme celle qui l’avait précédée, la nouvelle église fut dédiée à saint Alexandre Nevsky et saint Séraphin de Sarov. Elle fut consacrée en 1953 par Mgr Sylvestre (Haruns), évêque de Nice, le 12 septembre, jour de la saint Alexandre Nevsky. Fondée par les premiers émigrés, ceux de la Révolution d’Octobre, l’église a ainsi vu se succéder les vagues de migrations : des personnes déplacées par la Seconde guerre mondiale aux demandeurs d’asile d’aujourd’hui. Mais la paroisse a aussi pris ses racines dans la Cité et s’est ouverte au monde qui l’entoure. À côté des prêtres d’origine russe, on compte un diacre liégeois. Quant au clergé de ces dernières années, il est exclusivement d’origine belge. En 2012 un prêtre russophone fut nommé. Originaire d’Ukraine orientale, il fit ses études à l’Institut Saint-Serge à Paris.

Historique de l'église russe de Liège

Vie de la paroisse

Trisagion par la chorale de l'église, concert à la chapelle de l’hôpital Saint-Joseph du 01.12.2019

La chapelle Orthodoxe de Banneux

C’est dans la grisaille hivernale du soir du 15 janvier 1933 que Mariette Beco (1921-2011) vit pour la première fois « une belle dame rayonnante dans le jardin familial le long de la route ». Mariette la revit sept fois. Le 18 janvier, lors de sa seconde apparition, la Vierge l’invita à pousser les mains dans une flaque d’eau au bord de la route : « Poussez-vos mains dans l’eau… ». Lors sa troisième apparition, elle se présenta comme « La Vierge des pauvres ». Elle mena plusieurs fois la jeune fille à la source en lui disant : « Je viens soulager la souffrance », pour lui adresser ensuite ces mots les 6 et 7 février : « Priez beaucoup. Au revoir ». Bien qu’elle soit peu portée à la dévotion, la sincérité de la jeune Mariette ne fit ensuite aucun doute. C’est ainsi que, à sa demande, fut érigée une petite chapelle en l’honneur de la Vierge dite la Petite Chapelle des Apparitions du Sanctuaire. Les Apparitions de Banneux furent officiellement reconnues par l’Eglise Catholique en 1949. Lors de sa visite à Banneux en 1985, le Pape Jean-Paul II souhaita rencontrer Mariette Beco. À maintes reprises, des vertus miraculeuses furent prêtées à cette source, dont certaines ont été confirmées par des commissions diocésaines. Ce lieu mystique attire chaque année des milliers de pèlerins de toutes les nations.

Le 30 septembre 2012, Mgr Gabriel, archevêque en charge des paroisses russes en Europe Occidentale a inauguré, en présence de l’évêque de Liège Mgr Jousten, la chapelle orthodoxe, dédiée à la Mère de Dieu de toute protection, aménagée à Banneux dans un bâtiment mis à disposition par le Sanctuaire. C’est une première, d’aucuns parlent d’un événement historique, d’autres soulignent le geste œcuménique fort. Au-delà des commentaires et des appréciations, l’ouverture d’une chapelle orthodoxe sur le site du sanctuaire (catholique) de Banneux-Notre-Dame marque sans doute une évolution des mentalités et ouvre – on peut l’espérer – sur des rencontres qui pourraient conduire, dans un premier temps, à une meilleure connaissance mutuelle et peut-être ensuite à des échanges et des collaborations dans les limites de la situation actuelle des Églises.

Tout a commencé par une idée. Une de ces choses qui vous passent par la tête et qui trouvent une résonance quelque part en vous. Et qui ne vous quittent plus. Cette première étape, le père Guy doit bien la raconter à la première personne : « Je peux retrouver la date précise : le 15 septembre 2007, ce jour-là, comme je le faisais depuis plusieurs années le troisième samedi du mois, j’étais allé célébrer une liturgie en slavon à l’église grecque de Verviers. Plusieurs familles en avaient fait la demande, mais petit à petit, juste quelques rares fidèles assistaient encore à cet office. Comme d’habitude, je ramenais la choriste qui résidait à Banneux et comme d’habitue aussi, elle avait demandé à passer par la chapelle des apparitions. Je l’attendais au rond point. Et c’est là que l’idée m’est venue : « c’est ici que je devrais célébrer ! »

A priori, cela pouvait paraître aberrant, mais voilà, l’idée est restée. Au point d’en arriver à se demander si, plutôt qu’une idée saugrenue, il ne s’agissait pas … d’un appel.

L’archevêque Gabriel, puis l’évêque de Liège accueillent avec enthousiasme ce qui, peu à peu devient, un projet.

Une première visite du sanctuaire démontre l’évidence : il n’y a pas de chapelle disponible et, au terme de ce premier inventaire, les locaux aménageables ne paraissent pas satisfaisants. Nous étions en décembre 2007. L’année 2008 était consacrée entièrement à la célébration du 75e anniversaire des apparitions. C’eût été un moment symbolique pour initier le projet, mais – on le comprend – les diverses manifestations, cérémonies, commémorations occupaient tout le temps des responsables du sanctuaire. En novembre de cette même année, une réunion est organisée avec l’évêque de Liège et le nouveau recteur du sanctuaire. Des pistes sont avancées, mais c’est le 6 mai 2009 qu’une nouvelle visite des lieux avec l’abbé Léo PALM se conclut par le choix du local : ce sera le « Pavillon des Nations » où, le 13 juin une première liturgie est célébrée dans des conditions toute particulières (le local n’étant évidemment pas aménagé) mais dans une atmosphère de prière et de recueillement qui préfigure ce que sera la chapelle de la Protection de la Mère de Dieu.

La convention entre l’archevêché et le sanctuaire est signée le 15 mars 2010. Les travaux d’aménagement pourront commencer. Tous ceux qui y participeront seront des bénévoles. Dans l’atelier d’iconographie, on entreprend avec enthousiasme l’écriture des grandes icônes qui vont décorer les fenêtres, celles de l’iconostase, des grandes fêtes… C’est l’atelier iconographique Saint Séraphin de Sarov qui réalisera les icônes nécessaires. L’atelier a été fondé en 1989 par Annette Gottschalk. Deux ans de travail mais quel résultat ! Non seulement pour ce qui est de l’aménagement ou de l’apport artistique mais surtout de l’expérience humaine et spirituelle qui a été vécue. Quant à l’argent, il est venu quand on en avait besoin et juste pour ce qu’il nous fallait.

La chapelle orthodoxe du sanctuaire de Banneux