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Centenaire de l'archevêché des églises Orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale

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Paroisse de la Résurrection du Christ, Grenoble

1922 : La fondation de l’Église

L’Eglise orthodoxe russe de la Résurrection du Christ de Grenoble fut fondée par un laïc, Dimitri Alexeïevitch Ivanoff. Evacué depuis Sébastopol en même temps que des dizaines de milliers de ses compatriotes russes, civils et militaires, l’ancien officier Dimitri Ivanoff, dès son arrivée à Grenoble, créa une amicale de bienfaisance pour venir en aide aux blessés et aux malades. Il trouva un local qui servait d’entrepôt aux maraîchers au sous-sol d’un immeuble du 5 avenue de Vizille. C’est ce local qui deviendra l’Eglise orthodoxe de la Résurrection du Christ à Grenoble. D. Ivanoff, mobilisa le Père Nicolas Michine qui se déplaçait régulièrement depuis Lyon pour la célébration des offices religieux. Les premiers offices étaient aussi célébrés à l’école grecque de l’église grecque (boulevard Joseph Vallier) et au temple protestant (2 rue Fourier), par le père Nicolas Soboleff. Le chant liturgique fut également assuré par M. Ivanoff, qui créa pour cela la première chorale russe de la région

L’Eglise russe de la Résurrection du Christ de Grenoble se plaça sous la juridiction du métropolite Euloge le 20 février 1928. Mgr. Euloge envoya le P. Léontchoukoff fonder administrativement la paroisse de Grenoble, où fut nommé le P. Nicolas Ezersky, après la Déclaration de l’Association Cultuelle Orthodoxe Russe (loi de 1901) à la préfecture de Grenoble, le 8 février 1928.

L’Église de la Résurrection du Christ de Grenoble accueillit successivement trois vagues d’émigrés russes.

De 1927 à 1929,

La communauté russe de Grenoble (500 personnes environ) grandit grâce à un flux d’émigrés russes transitant par la Bulgarie, qui s’y installèrent pour travailler dans les usines de béton armé de la COTRAB (Compagnie des travailleurs de l’Armée Blanche). Ils furent logés au Polygone, ou bien à la Viscose, à la cité Beauvert, ou en ville.

La région grenobloise connut également un essor de communautés originaires de l’Empire russe. Plusieurs émigrés russes travaillèrent dans les papeteries BEFK à Rives (site fermé en 2011). L’usine électro-métallurgique de Rioupéroux employa un grand nombre de Russes dans la vallée de la Romanche. En 1925, à Rioupéroux, fut inaugurée une chapelle orthodoxe Saint-Tikhon-de-Zadonsk, desservie par le clergé de Grenoble jusqu’en 1959. A Rives, au château de l’Orgère, sous l’obédience de l’Eglise Russe Hors Frontières, s’ouvrit aussi une chapelle orthodoxe, dont la fermeture eu lieu en 1980. Sur décision du Métropolite Euloge, le recteur de Grenoble devait également desservir les communautés orthodoxes d'Ugine en Savoie, et Argentière-la-Bessée dans le département des Hautes-Alpes, où vivaient encore de nombreux ouvriers d'origine russe. Nombre des fidèles de toutes ces communautés des zones industrielles, de passage à Grenoble, purent se rendre à l’église de la Sainte Résurrection.

Entre 1931 et 1940,

L’émigration issue de l’Empire russe est accueillie à la paroisse de l’Eglise de la Résurrection du Christ de Grenoble par le P. Georges Choumkine (1894-1964) doué non seulement de talents pastoraux, mais également capable de créer, grâce aux artistes et personnes cultivées de sa communauté, un rayonnement culturel de haut niveau. Recteur de la paroisse, avec sa Matouchka Anna Gueorguievna, tous deux s’occupent de la catéchèse, fondent une école de langue et de littérature russes, accueillent des étudiants russes dans leur maison de la Tronche, organisent des soirées dansantes, des représentations théâtrales, des chants folkloriques et un Arbre de Noël.

Des paroissiens offraient des icônes : celle du Saint Sauveur et de la Mère de Dieu ont été peintes par Tatiana Victorovna, sœur de la présidente de la Croix Rouge, Xenia Victorovna Brunard. L’icône de St Alexandre Nevsky fut peinte en 1933 par Maria Schulz, de nationalité roumaine.

Grand ami du père Georges Choumkine, le peintre Dimitri Stelletsky peignit en 1938 l’iconostase de l’Eglise de la Résurrection du Christ de Grenoble.

Ami de Dimitri Stelletsky, Igor Stravinsky, dont les filles suivaient toutes deux à Grenoble, l’une, Mika, des cours de peinture sur tissu à l’Ecole des Beaux Arts, l’autre, Milène, des cours de couture et de cuisine chez les sœurs, fréquenta la paroisse et créa plusieurs œuvres dans la région. Il est très probable que le compositeur Serge Prokofiev, ami de Stravinski et séjournant dans la région, se soit rendu à l’église russe de Grenoble.

De 1941 à 1946

Le P. Nicolas Maloletinkoff fut recteur de la paroisse de Grenoble, dont les difficultés s’accrurent pendant la guerre de 1939-1945, comme partout en France. L’affrontement entre les pro-soviétiques et les anti-soviétiques divisa la communauté de l’Église de la Résurrection du Christ. Finalement, la paroisse resta sous la juridiction de l’Archevêché. Le P. Roman (Zolotoff) fut nommé recteur de la paroisse de Grenoble. Devenu évêque de Nice, il maintiendra son service à Grenoble jusqu’à sa mort.

Dans les mois qui suivirent la Libération, des soldats soviétiques faits prisonniers par les Allemands et libérés dans les camps par les Alliés, arrivèrent à Grenoble. Certains retournèrent en URSS, à leurs risques et périls alors que d’autres parvinrent à rester et s’ajoutèrent aux paroissiens. Mais la communauté russe commença à décliner en nombre.

De 1946 à 1962

Le P. Mikhaïl Firsovsky fut le dernier prêtre rattaché à demeure à la paroisse de Grenoble, faute de moyens financiers. Pour assurer les offices au moins une fois par mois, l’Eglise de Nice envoya d’abord l’évêque Roman et ensuite le P. Jean Jankin.

En 1957 le local de l’église de la Résurrection du Christ, 5 avenue de Vizille à Grenoble, devint la propriété de l’Archevêché, grâce aux compétences et aux démarches du marguillier Dimitri Constantinovitch Nikolaïeff, qui avait réussi à en payer le loyer pendant la guerre.

De 1962 à 2005 : Valentin Matias et son épouse Elvire assurèrent la charge de marguillier de la paroisse de Grenoble.

Entre 1970 et 1974

Galina Makhroff, née Klimoff (1922-2004), peignit les fresques de l’Eglise de la Résurrection du Christ, représentant les douze Grandes Fêtes de l’année liturgique. Née au cours de l’exode en Bulgarie, Galina Klimoff s’installa par la suite avec sa famille à Grenoble, où elle étudia à l’Ecole des Beaux Arts. Ce qui lui permit de diriger un atelier de peinture sur soie. En 1949, Galina poursuit son travail dans la Haute Couture à Paris, en même temps qu’elle est initiée à l’iconographie par le célèbre iconographe Leonid Alexandrovitch Ouspensky, qui enseigna l’art de l’icône pendant 40 ans à des élèves venus du monde entier. Après avoir parcouru le monde et la Russie dès 1959 et y avoir organisé des expositions de ses peintures d’aquarelle avec son époux Cyrille Makhroff, Galina revint à Grenoble prier à l’Eglise de la Résurrection du Christ, où elle va peindre ses fresques en utilisant la technique dite « al fresco », à raison d’une scène par jour, qu’il fallait réaliser en moins de cinq heures sur une surface mouillée, faite d’un mortier de sable de rivière et de chaux. Galina peignit seize scènes de la vie du Christ et de la Mère de Dieu sur les murs de la partie de l’église réservée aux fidèles, et derrière l’autel, Notre Dame du Signe.

Entre 1968 et 1985 l’Arbre de Noël russe de Grenoble avait lieu dans la salle Morillot, rue du Vieux Temple, souvent avec le concours du groupe folklorique Ivouchka animé par Irène Kuttlein, née Pozniak, petite-fille d’émigrés russes, professeur de russe au Lycée Champollion de Grenoble.

Après la Perestroïka et la chute de l’URSS, une troisième vague d’immigration de chercheurs et de scientifiques vint s’installer, provisoirement ou non, à Grenoble et furent accueillis à la paroisse. En 2004, l’Archevêché envoya le P. André Drobot, qui sera nommé recteur de la paroisse en mars 2005. Le P. André Drobot vient une fois par mois, sauf pour Noël et Pâques, où il est remplacé par un autre prêtre. Les fêtes paroissiales sont organisées au centre théologique de Meylan. Un pèlerinage eu lieu à Ugine, dans la petite église orthodoxe Saint Nicolas et Saint Alexis d’Ugine, en l’honneur de l’archiprêtre Alexis Medvedkoff, canonisé en 2003, qui avait desservi la région dans les années Trente.

Février 2020

L’Eglise de la Résurrection à Grenoble reçut le label « Patrimoine en Isère », attribué par le département de l’Isère, grâce aux efforts et aux actions des membres de l’association « Sauvegarde de l’Eglise orthodoxe russe de la Résurrection à Grenoble » (SMOREG).

Alors que les paroisses des environs de Grenoble voyaient partir leurs paroissiens, fut consacrée la chapelle Saint-Alexandre-Nevsky-Sainte-Olga-et-Saint-Vladimir du Camp de l’Association des Vitiaz, fondé à Laffrey en 1934. Y a trouvé sa place définitive l’iconostase démontable peinte sur toile par l’artiste Stelletsky,en villégiature au camp dans les années 1930, pour une chapelle sous tente. La consécration de cette chapelle fut une des rares occasions dans la diaspora d’une concélébration de hiérarques et prêtres des deux juridictions – l’Archevêché et l’Eglise Russe Hors-Frontières.

Aussitôt après la guerre, le Camp de l’Action Chrétienne des Etudiants Russe (disposant d’une chapelle sous tente avec une autre iconostase de Stelletsky) vint également s’installer au bord opposé du Lac de Laffrey, dans le village de Saint Théoffrey, jusqu’en 1989, lorsque l’ACER acheta un terrain à la Servagère, dans le Vercors, où une chapelle en dur fut consacrée.

Les liens avec la paroisse de Grenoble et le réseau des communautés russes de l’Isère étaient importants dès les origines. Avant tout, c’est grace à ces communautés, qui comptaient de nombreuses sections (« droujiny ») des Vitiaz, et à leurs membres qui connaissant bien la région, que fut trouvé puis exploité le terrain à proximité du Lac de Laffrey, à trois quart d’heure d’autobus de Grenoble. Au cours des étés, les aumôniers du camp purent occasionnellement desservir les besoins spirituels, liturgiques et sacramentaux, en se rendant à Grenoble. Des fidèles grenoblois ou de l’Isère purent également se rendre aux offices réguliers du camp. Un mariage eut même lieu lors d’un printemps des années 1980.