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La querelle de la Sophiologie

La sophiologie (du grec Σοφια, sophia, sagesse) est un développement philosophique et théologique chrétien, concernant la sagesse de Dieu elle-même divinisée, qui prend sa source dans la tradition religieuse hellénistique, le platonisme et certaines formes de gnosticisme. Elle permet de comprendre de façon originale les rapports possibles entre la foi et la raison. Le problème essentiel de la sophiologie est celui des rapports de Dieu et du monde, la question de savoir comment un monde imparfait a été créé et continue d’être produit par un Dieu parfait. La Sophia est comprise dans cette problématique comme un principe intermédiaire entre la perfection de Dieu et la finitude du monde. Pendant longtemps la Sophiologie est apparue comme une théorie originale de quelques penseurs peu connus du grand public. Le Père Serge Boulgakoff, influencé lui-même par les travaux du philosophe russe Vladimir Soloviev, est le représentant le plus marquant de la Sophiologie russe.

C’est durant son exil à Paris à partir de 1922 que Serge Boulgakov développe la plus grande partie de son œuvre. Jusqu'en 1935 la sophiologie du P. Boulgakoff, bien que critiquée par les milieux les plus conservateurs de l'Eglise orthodoxe, n'a jamais reçu de blâme officiel. Ce n'est qu'en septembre 1935 que le métropolite Serge de Moscou, résidant en URSS, condamna les doctrines de l'archiprêtre Boulgakoff. Quelques semaines plus tard, le synode de Karlovtsi, qui au point de vue politique représente l'aile droite de l'Eglise de l'Emigration, condamna également les doctrines sophiologiques du P. Boulgakoff, les déclarant « étrangères à la tradition de l'Eglise et hérétiques ». Monseigneur Euloge refusa de s'associer à ces condamnations et maintint le Père Boulgakoff à son poste de vice-doyen de l'académie théologique de Paris.

Partisans et adversaires de la Sainte Sophie en sont parfois arrivés, à l'exemple de certains Pères des grands conciles, jusqu'à échanger des coups de poing! Nous ne faisons allusion à ces querelles que pour situer la sophiologie à sa place vraie, celle d'une opinion théologique libre, intéressante, caractéristique des préoccupations spirituelles d'une certaine partie de l’intelligentsia russe, mais n'exprimant nullement ni la foi unanime de l'Eglise orthodoxe, ni même une conviction généralement répandue parmi ses membres.

La sophiologie contemporaine a fait l’objet de vives critiques. Georges Florovsky et le théologien Vladimir Lossky s'y opposèrent et critiquèrent cette introduction, au sein de la théologie chrétienne, de la Sagesse de Dieu comprise comme une divinité. Pour Florovsky, les références iconographiques concernant la polyvalence sophianique (les différentes façons de représenter la Sophia) sont dues à un malentendu sur leur signification originelle. Lossky voit quant à lui dans la sophiologie une « union malencontreuse » entre le « Saint Esprit » et la « Vierge Marie » en une seule divinité ou hypostase de Dieu. Il n’y a pour lui dans cette doctrine aucun véritable fondement dans la tradition patristique.

Dans la théologie orthodoxe actuelle, le « néopalamisme patristique » de Lossky, optant pour une distinction entre essence et énergie de Dieu, s’oppose au courant sophiologique, qui implique l’existence d’un principe intermédiaire entre Dieu et le monde

Le philosophe Bertrand Vergely nous résume la querelle de la sophiologie dans l'interview ci dessous.

Lire l'article de Elisabeth Behr-Sigel "La Sophiologie du Père S. Boulgakoff" :